vendredi 6 mai 2011

Une partie de campagne.

Ils sont nés dans la brume. Ils ont grandit dans la fumée de Londres, dans le "smog", ce mélange de pollution et de brume. Ils ont appris à vivre dans le gris profond et inaltérable de Londres, la ville où les taxis sont noirs. C'est tout un camaïeu de noir et de blanc qui a fait d'eux ce qu'ils sont aujourd'hui, et qui a fait leur musique. Seefeel, c'est la ville, mais pas exactement celle de Burial. Surtout, Seefeel s'échappe de Londres et de sa grisaille. Seefeel, en un album, conte une escapade à la campagne.

D'abord, le rythme de la ville, et la dure répétition des bruits, des sons. Toujours les mêmes, qui frappent quoiqu'il arrive les oreilles. Un rythme inamovible, épileptique, sur lequel se greffe des vagues de violence analogique. Mais Seefeel brouille peu à peu son jeu, et les marches martiales se délitent. On s'éloigne de l'horreur de la ville. Les tags sur les murs laissent place à des murs comme grandes étendues planes et insurmontables. Les rangées d'immeubles s'effacent, des espaces s'ouvrent. A travers les vitres, on voit de mieux en mieux la pluie.

Le brouhaha de la ville s'étouffe alors, et on commence à entendre des voix humaines. Elles sont comme des incantations, elles se répètent. Les échos des voix atténuent la violence de la musique, et le noir et blanc de la ville devient peu à peu coloré. Les sons deviennent peu à peu lisibles. On saisit dans cet amas des mélodies. Seefeel file à tout allure hors du tohu-bohu, sans pour autant perdre en densité. Juste que les paysages décrits changent, alors que la brume demeure. De la grisaille à la lumière, des forêts d'immeubles à des rangées d'arbres, des sons des métros aux voix envoûtantes des sirènes. Pas celle des voitures mais celles, magiques, qui hantent les profondeurs des étangs.
Mais toute escapade a une fin, et l'on se retrouve bien vite plongé dans l'atmosphère lourd et violent d'une ville, à nouveau. Le gris reprend le dessus, les voix s'estompent peu à peu au profit des fracas.

Seize ans après le chef d'oeuvre Succour, Seefeel s'échappe de l'étouffement urbain avec son album éponyme, sorti chez Warp. Une fuite en technicolor.

2 commentaires:

  1. Tu t'échappes adroitement de tes thèmes habituels... Je l'ai écouté plusieurs fois, je sais pas trop quoi en penser de cet album, c'est assez difficile de comprendre ce qui se passe et de porter un jugement général. M'enfin j'en ai pas un mauvais souvenir.

    Sinon, j'accroche plus à Quique qu'à Succour pour le coup, même s'il est pas sorti chez Warp.

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  2. Il m'a fallu des mois pour l'apprivoiser, et des mois sans l'écouter pour finalement le réécouter aujourd'hui et écrire dessus. Thèmes habituels oui, mais détournés. ;)

    C'est un album super flou et brumeux. Pas grand chose à en dire en fait...

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