Voilà. Quand on dit "emo" maintenant, c'est mal connotés. On imagine tout de suite l'adolescente de 13 ans qui s'habille en noir et rose, se maquille trop et écoute de la musique "commerciale" (que tout le monde fustige parce qu'elle est commerciale plutôt que par sa qualité - qui est d'ailleurs pas pire que beaucoup d'autres trucs. Je veux dire, Tokyo Hotel ça reste du néo-metal basique, et super bien produit, ça mérite pas la haine déversée sur ces pauvres petits allemands en mal d'affection). Donc, la musique "emo" maintenant, c'est celles des ados qui traînent à Bastille et qui attirent les rares rayons de soleil avec leurs frippes noires. Alors que, au commencement, ça voulait dire "émotion", c'est-à-dire une musique à fleur de peau, qui exprime des émotions par une certaine violence. L'archétype, pour moi, c'est Commander Venus (quand Conor avait 17 ans et qu'il n'avait pas mué), ou même d'une certaine manière At The Drive-In.
C'était pour remettre les choses au point. Parce que le groupe d'aujourd'hui est "emo". Oui oui oui. Et en plus ils ont le nom le plus long des Etats-Unis : ...And You Will Know Us By the Trail of Dead. Les noms d'albums de Godspeed You ! Black Emperor semblent courts à côté de ça. (Et le prix du nom du groupe le plus impossible revient bien sûr à Einsturzende Neübauten).
Trail of Dead (oui, ça ira plus vite) est un groupe emprunt de poésie. On peut discerner Arthur Rimbaud sur l'arrière de la pochette. Il y a un titre nommé "Baudelaire" (des poètes émos !).
Et ça tombe bien. Parce que Trail of Dead est le groupe de l'anacoluthe. Un rock qui semble basique, mais où la rupture de construction est centrale. Tout est dans cette anacoluthe. D'un coup, le tempo s'accélère ! Avant de reprendre une vitesse de croisière d'un bon disque de rock alternatif. La gradation d'un "Heart in the Hand of the Matter" rappellera les montées en puissance rimbaldienne, avec ce refrain martelé comme dans les "Litanies de Satan" de Baudelaire.
La part émo de cette musique vient de l'assemblage des deux voix. L'un chante, l'autre crie. Ajoutez à cela des mélodies complexes mais imparables, et on ne peut s'empêcher de penser à un At The Drive-In moins fougueux et plus sombre. Plus lourd aussi. Plus imprévisible. Plus intello aussi. Au point que Pitchfork (celui qui définit la norme intello et hype) refourgue à ce Source Tags & Codes la note de 10. Je dirai pas qu'elle est méritée, même c'est un grand album des années 2000, culte (peut-être à cause de Pitchfork d'ailleurs), et fort en puissance et en émotion.
C'était en 2002, ...And You Will Know Us by the Trail of Dead se fait connaître avec Source Tags & Codes sorti chez Interscope. Et ça change du noir et rose.
Ca c'est un excellent album, je ne m'en lasse pas! Jamais écouté les autres cependant.
RépondreSupprimerPlus que d'une certaine manière pour At The Drive-In puisque d'une certaine manière c'est eux qui ont donné ses lettres de noblesse au style. (Je sais pas non plus si Tokyo Hotel ça reste du néo-metal, je pense que Jonathan Davis pourrait se pendre en lisant ça^^). Sinon étonnement, à part cet évident Source Tags & Codes, je ne suis pas un grand fan de ...And You Will Know Us by the Trail of Dead. Le songwriting ne m'a jamais touché :(
RépondreSupprimerJonathan Davis a pas besoin de ça pour avoir envie de se pendre en même temps...
RépondreSupprimerJ'ai bien aimé leur dernier album moi, à "Trail of Dead", pas inoubliable mais sympa. Les autres m'ont pas passionné non plus, en fait.
Et tout à fait d'accord pour ATDI. C'est le must du must du must.