lundi 7 juin 2010

Les Possédés.

Xiu Xiu, 7 Juin 2010, La Cave aux Poètes, Roubaix.

Moins d'une centaine de personnes présentes pour voir Xiu Xiu... Moi qui pensais que ce groupe était un des pionniers et un des symboles de ce rock expérimental américain. Je le pense encore, mais finalement, c'était une aubaine. Parce que la salle s'alliait parfaitement à l'oppression de la musique. Dans cet endroit contigu au plafond très bas, quelques spots de lumière essaient de faire illusion. Mais le noir prend le dessus. Ce qui résume assez bien Xiu Xiu.

Entre les cymbales froissées par les frappes incessantes de Jamie Stewart et les tourbillons soniques de bruits qu'il lance en s'acharnant sur sa game-boy, il y a chez Xiu Xiu un petit quelque chose profondément 80s. Ce n'est pas seulement le synthé ou la reverb, ce n'est pas seulement les expérimentations. Non. Xiu Xiu reprend le flambeau des Smiths, le flambeau des "derniers romantiques". La musique de Xiu Xiu est profondément romantique, faite de ce romantisme noir qui exacerbe les sentiments, l'ego et les troubles. La façon dont Stewart chante ces chansons parle d'elle-même. Il est tendu, ses mouvements sont secs et saccadés, mais sa voix ne flanche pas et dévoile toute la densité d'une musique à la fois enveloppante et totalement étourdissante. Le lyrisme cède sa place à des passages dignes de Merzbow. Il y a dans cette musique une fascination pour la souffrance et la mort. C'est pour ça que Stewart garde constamment les yeux fermés, pour que ses incantations ne les attirent pas, pour ne pas les voir en face. Une sorte de fuite en avant pour exorciser ses tourments, à base de bondage et de "Dear God, I hate myself !". Non, cette musique n'est pas simple, elle est dense et profonde. Mais elle réussit à se vêtir de ses plus beaux attraits pour faire illusion.

Jamie Stewart ne décochera pas un mot du concert. Il restera dans sa bulle, accroché à son micro sans arrêt pour qu'un cher Dieu exauce ses volontés, comme s'il savait parfaitement qu'il était du mauvais côté et qu'il fallait entamer le chemin de la repentance, ce qui implique une auto-flagellation publique. Jamie Stewart tente de rompre son sort par la musique, simplement.

6 commentaires:

  1. J'ai failli en être, mais personne pour garder les bébés ce dimanche. Tant pis ;-(

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  2. Puis c'est trop loin Roubaix quand même...

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  3. J'y ai habité 4 ans. C'est quand même moins loin que Tourcoing ...

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  4. Mais la salle est tellement mieux à Tourcoing.

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  5. J'ai vu Andre Williams récemment à la Cave et c'était pas mal du tout ... Très "intime", encore plus qu'au Grand Mix, je trouve.

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  6. C'est sûr que c'est super intimiste. Un peu trop quand on fait 1m64 par exemple, j'ai pas vu grand chose.
    Y a le drugstore aussi dans le genre intime, dans une cave voûtée.

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