lundi 25 octobre 2010

Chat Noir, Chat Blanc.

Il faut y aller à l'aveugle, se laisser porter par l'envie d'essayer. Une image, un nom, les deux, un titre, qu'importe, il faut tenter. On se retrouve avec des choses tout à fait étranges souvent. La dernière fois, j'ai téléchargé un disque parce que le nom du groupe était Herpès et que je trouvais ça drôle. C'était du punk en allemand. Un peu nul, mais j'ai essayé. Et je parlerai pas de Velvet Condom et de leur shoegaze ravalé. Tout ça pour dire que, d'après la pochette, on s'attend à un bon groupe de Black Metal nordique, dans la veine d'un Burzum.

On peut louer aussi la décence du groupe de masquer son nom, de ne pas l'afficher en grand. Parce que Kiss the Anus of a Black Cat, même si la référence est sûrement un clin d'oeil obscur à un rite moyenâgeux, ce n'est pas du meilleur goût. D'autant que ça porte malheur les chats noirs. Alors voilà, en voyant le nom et l'artwork, aucun doute, on aura le droit à une bonne dose de dégueulasserie, ou peut-être un autre truc aux atours provocants, mais avec un contenu metalcore insupportable. Mais, on n'a pas cinquante fois l'occasion dans une vie de pavoiser "hier, j'ai écouté le nouveau Kiss the Anus of a Black Cat". Alors on essaie.
Et, surprise, le premier morceau se déploie d'un arpège de guitare. Pas de distorsion, pas de hurlements. Alors, naïf, on se dit qu'ils l'ont joué à la Nostromo en intro, avec le somptueux Hysteron - Proteron. Et qu'après ils enverront la sauce.

Mais non. Alors remettons les choses à leur place. Kiss the Anus of a Black Cat n'est pas du côté de Burzum ou Napalm Death. Mais plutôt du côté de Current 93, des Angels of Light et de Wovenhand. Ils ne viennent pas des terres gelées du nord, mais de Belgique. Il y est question de noirceur bien sûr, et que de cela. Mais de cette noirceur qu'on exprime avec un regard hanté et un voile dans la voix. Celle de David Tibet, de David Eugene Edwards et de Michael Gira. Il y a le même côté mystique, la même foi bafouée que l'on recrache dans le micro. Ce folk est lancinant et écorché, à un tel point qu'il est plus effrayant que la violence d'un groupe qui pourrait arborer un tel nom. Tout est dans le malsain, pas dans l'extrême. Alors oui, ce nom est légitime. Oui, l'artwork est légitime. Et en essayant, on se fait surprendre, et accrocher. Hewers Of Wood And Drawers Of Water se fraie lentement un chemin, contamine lentement, et s'impose enfin par sa noblesse. Le reste n'est que folklore.

Kiss the Anus of a Black Cat sort Hewers Of Wood And Drawers Of Water cette année, à l'abri des regards chez Zeal Records. Et j'espère qu'on retiendra leur disque pour d'autres raisons que le nom qu'ils ont choisi.

3 commentaires:

  1. Il faut que tu arrêtes de télécharger n'importe quoi.

    RépondreSupprimer
  2. J'va y j'ter une oreille. Artwork plaisante.

    RépondreSupprimer
  3. Je l'écoute enfin et trouve chez toi la référence (indirecte) à 16 Horsepower qui, moi, m'a réellement sauté aux yeux! Très bon!
    ;-)

    RépondreSupprimer