dimanche 7 novembre 2010

The Glass House.

Le paradoxe est beau : les machines sonnent plus humaines que les humains. Non, ce ne sont pas les modélisations qui deviennent de plus en plus proches de la réalité, non, nous n'entendrons jamais le bruit des doigts sur les cordes grâce à un ordinateur. Mais les machines prennent une humanité à elles. Et, de plus en plus, le terme qui me vient en tête pour décrire les albums d'electronica/house/IDM ou techno qui arrivent dans mes oreilles est "organique."

Ce sentiment est né avec Four Tet. Kieran Hebden ne s'est pas contenté de lancer des boucles entêtantes sur Pause et Rounds, mais il leur a donné la vie comme Gepetto à Pinocchio. A un point où la musique devenait plus qu'humaine. Elle était simplement le langage codé d'un gars derrière son ordinateur. Quelque chose d'articulé, de compréhensible, de précis et de totalement unique. Chaque son comme un mot, chaque beat comme un signe de ponctuation. Et de là, il naissait comme une poésie : un ensemble de mots savamment enchevêtrés pour créer une atmosphère. C'est comme ça que Boards of Canada peut extirper les larmes de vos canaux lacrymaux en deux mesures. C'est comme ça que Mount Kimbie réussit à vous raconter sa nuit passée à danser. Chaque artiste électronique développe son propre langage, ses propres expressions, si certains se penchent vers la violence synthétique, d'autres préfèrent lorgner du côté du jazz, avec syncopes et légèreté, rupture de construction et reprise de thème.

Et dans cette bande de savants communicants, on trouve John Roberts. Il développe un langage spontané et facile d'accès, une house mélodique à base de bribes de piano auxquelles viennent s'imbriquer des sons percussifs. Petit à petit, les couches se superposent et la sauce prend. Les mots forment des phrases, les phrases des paragraphes, et le tout un texte. Un texte qui déclare son amour aux machines et au jazz. Il apporte une solution à la difficulté de définir cette musique. Le jazz, c'est quand on a envie de claquer des doigts sur chaque temps, et de secouer la tête en rythme. Comme la house. Avec un goût prononcé pour la répétition. De là à comparer a virtuosité des deux musiques, il n'y a qu'un pas. Et on évitera de dire s'il faut le franchir ou pas. On préférera plutôt se laisser porter par les courants divers et remuants de John Roberts. Un album de musique électronique, un album organique où la scansion et la signification se rejoignent pour faire à la fois du rythme, et du fond.



Cette année, chez Dial Records, John Roberts offre Glass Eights, tout en délicatesse et en efficacité. Facile à comprendre, mais pas simplet.

2 commentaires:

  1. Bon, ce devrait être un de mes disques préférés de cette année mais décidément ça rentre pas. Toujours mon problème avec Dial Records. Je préfère par exemple le disque de Christopher Rau, sorti chez les outsiders Smallville Records. Mais je vais insister.

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  2. C'est marrant, au début ma première réaction a été de dire "je préfère le pantha du prince"
    Finalement j'adore cet album, vraiment. Le seul problème c'est que je suis incapable de l'écouter d'un bout à l'autre sans piquer du nez.

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