lundi 7 mars 2011

Les clochards célestes.


Le folk est comme une ville. Il y a les quartiers d’affaires où sont réédités les plus grands albums d’antan, il y a les villages traditionnels au sein même de la cité, monde complètement à part où des John Mellencamp et des Jerry Leger continuent de bâtir les remparts qui protégeront le saint des saints, le lieu sacré où le folk reste folk, où il reste acoustique. On y voit souvent des Canadiens aux barbes foisonnantes, souriants, réchauffant les passants de leurs ballades.

Il y a les coins étudiants où de petits jeunes tentent tant bien que mal de faire leur trou, en essayant de nombreuses variantes. Bibio électronise son folk, Adem reprend Aphex Twin et Micah P Hinson lui donne du tragique. Il y a aussi ceux qui n’ont pas besoin de nouveauté pour s’imposer naturellement. Les Alela Diane et autres Tallest Man On Earth, qui envoûtent par la simplicité de leur musique. Ils racontent des histoires, rien de plus. Et leurs voix, leurs doutes et leurs guitares sont largement suffisantes pour recréer le Village.

Entre Alice’s Restaurant et la quatrième rue, à deux pas des quartiers huppés où Andrew Bird habille le folk de parures et de fourrures qui viennent des empires Scytheen, il y a les bars où des illuminés révolutionnent sans arrêts la musique. Il y a Joanna Newsom et sa harpe, Sufjan Stevens et son banjo, qui ne peuvent s’arrêter de bouger, de bars en bars, et d’ajouter à leur base folk des préceptes nouveaux.

Plus à l’est, il y a le quartier résidentiel, possédé en intégralité par Bob Dylan, qui veille avec un regard bienveillant sur sa ville, avec derrière lui, Woody Guthrie et Pete Seeger.

Et puis il y a les vagabonds. Les gars un peu sales qui voguent dans la ville, le regard vers le sol, la barbe bien trop longue pour être canadien, le regard soit vide, soit imbibé d’alcool. Ils ont toujours une housse de guitare accrochée à l’épaule. Elle cache sans aucun doute cette machine qui tue les fachos. Une machine usée à force d’avoir écumer les coins de rues. À force d’errer sans être perdus, ces pauvres humains ne parlent plus. Ils ne s’expriment plus autrement que par la musique. Une musique faite d’histoire, de leurs histoires, de leurs vies. Une vie à dérailler des chemins, de bars en bars, de rues en rues. Ils ont perdu toute notion du temps et étendent leurs chansons à l’infini. Couplets après couplets, ils marquent des arrêts, regardent sûrement alentour d’un regard cette fois possédé. Ils ne s’arrêtent pas de marcher, pour fuir un quelque chose qu’ils ont déjà sûrement oublié. Seule leur tristesse demeure, mais on ne peut l’appréhender autrement qu’en les écoutant, dans cette ville grise où sont nées les plus belles histoires.

Josh T Pearson fait partie de ceux-là, comme une Jesy Fortino, il ne sait plus bien où il est, mais il s’approprie l’espace et en fait son lieu de vie, en entrelaçant sa voix et sa guitare. Que ce soit une avenue ou un café, il repartira ensuite, les yeux rivés sur le sol, toujours.

Josh T Pearson revient, dernier gentleman vagabond, pas voleur mais raconteur d’histoires. Last of the Country Gentlemen sortira chez Mute Songs . Il ajoute une nouvelle pierre à l’édifice du folk, peut-être pas la plus optimiste, mais sans aucun doute une des plus solides.

1 commentaire:

  1. Mais comme j'ai hâte d'écouter cet album... Le seul extrait que j'ai vu de lui m'a mis par terre.
    Et puis vu que Lift to Experience était un putain de groupe...
    Rah, vivement!

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