jeudi 2 septembre 2010

Chérie, je me sens rajeunir.

Comme je n'arrive pas à écrire plus d'un paragraphe sur les disques suivants, je les rassemble tous. Une petite liste d'emplettes donc, de disques au moins agréables, pour écouter sur la route de l'école, puisqu'ils sont tous profondément passéistes. Rien de 2010 en eux, à part la véritable date de sortie.


The Black Angels - Phosphene Dream (2010, Blue Horizon)

Après avoir écumé tous les festivals cet été, et sorti a priori à chaque fois la même prestation, voilà le nouvel album des Black Angels. Et c'est pas cette année qu'ils se renouvelleront. Le programme est toujours le même : riffs lancinants, incantations vocales à la Jim Morrison, frappes sèches sur la batterie et une bonne dose de psychédélisme. Les influences sont toujours les mêmes, et impossible de s'en dépêtrer. Ils parlent toujours de la guerre, ils simulent toujours des bruits d'hélicoptère avec leurs guitares, et il y a toujours trop de reverb sur la voix. La nouveauté, c'est qu'ils ont piqué la pochette du dernier Animal Collective. On ne retrouvera jamais l'effet de surprise de Passover mais faut avouer que ça reste sacrément cool, bien que, d'une certaine mesure, décevant.


Black Mountain - Wilderness Heart (2010, Jagjaguwar)

Malheureusement, on pourrait dresser le même constat avec Black Mountain. Pourtant, c'est pas un problème de talent. In the Future était une bien belle réminiscence des années 70 ; les morceaux s'allongeaient, explosaient avant de revenir à un schéma standard et hypnotique. Et la chanteuse, Amber Webber a sorti deux charmants albums sous le nom de Lightning Dust, en compagnie de Joshua Wells, un autre du groupe, de parfaits hommages au Jefferson Airplane. Alors, même s'il existe toujours des refrains ravageurs, des envolées acides et que la voix d'Amber Webber me colle des frissons, la recette prend plus tellement. La faute à quoi ? La perte de la foi dans la saturation sans aucun doute. C'est beaucoup moins rock, beaucoup plus court et beaucoup plus pop, bien que toujours psychédéliques. Adieu les lentes constructions à la Deep Purple. On a même des jolis morceaux folk, mais on les avait en mieux chez Lightning Dust. Black Mountain ne confirme hélas pas, ou alors on en attendait beaucoup trop.


Lou Barlow & The Missingmen - Sentridoh III (2010, Merge Records)

Eh les mecs, encore un album de Lou Barlow ! Que ce soit avec Dinosaur Jr, Sebadoh ou tout seul, ou sous un nom bizarre comme Sentridoh ou The Folk Implosion, ou avec un groupe, Lou Barlow ne s'arrête jamais. Et comme d'habitude, c'est une petite réjouissance de le retrouver. Peut-être que ce qu'il propose reste profondément ancré dans les 90s, avec ce cachet si particulier, un petit goût de fumée autour des amplis, des dissonances revendiquées et une voix lassive, mais qui peut mieux le faire que Lou Barlow ou Sonic Youth ? En ces temps où on essaie de nous bassiner avec Wavves, No Age et la nouvelle vague "lo-fi pitchfork", ça fait du bien que Lou Barlow nous rappelle l'essence même de sa musique. Une musique qu'il baptise lui-même sur ce disque : "Losercore". Ça se tient. Comme Don Quichotte, Lou Barlow charge les moulins, toujours de la même façon, mais toujours avec la même foi. On s'en tape pas mal au final, que ce soit des moulins qu'il charge.


Screaming Females - Castle Talk (2010, Don Giovanni)

En dignes héritiers de Lou Barlow, justement, les Screaming Females ravivent la flamme des 90s et de Dinosaur Jr. En plus d'avoir le même son (en plus propre, progrès oblige), ils poussent la ressemblance jusqu'à reproduire les solos de guitares débridés sur les lignes de basses psychorigides. Comme quoi, se contenter de rendre hommage à ses influences (dans lesquelles on trouve aussi beaucoup de ce grunge/émo des 90s, comme Commander Venus ou Mclusky) permet de sortir un excellent disque, qui pourrait aisément être produit par Steve Albini. Un condensé de rage, de punk, mais avec une touche de grâce et de féminité, puisque c'est une jeune femme, toute petite, toute mignonne, qui a pris le micro, pour être une femelle hurlante, ce qu'elle fait sans aucun problème malgré ses airs d'enfant de chœur. C'est du déjà-vu (bah oui, Commander Venus c'est presque pareil puisque Conor a une voix de fille, il a pas mué), mais c'est toujours terriblement addictif et j'avoue ne pas m'en défaire. Surtout "I Don't Mind It".


On évitera de s'attarder sur le disque insipide de Phil Selway, qui ne présage rien de bon pour Radiohead, et on s'attardera plus tard dans la journée sur le nouvel EP de Sufjan Stevens.

3 commentaires:

  1. J'aime aussi vraiment beaucoup les deux derniers (pas écouté les deux autres). Comme tu dis : n'invente rien mais bien agréable (voir plus pour Screaming Females que je trouve être une belle surprise)...

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  2. Et je chronique aujourd'hui l'album de la chanteuse seule (sous le nom 'Noun').

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  3. Ouais j'ai lu ça. Il faut que j'aille écouter ça tranquillement.

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