vendredi 22 octobre 2010

Mort à Venise. 10/10.

Et voilà, dernière étape. Quasiment un an après le commencement. Se replonger comme ça dans Mahler, pour une nuit ou plus, pour essayer d'en tirer quelque chose à écrire, pour essayer de modéliser par des mots ce que la musique classique exprime, tâche assez complexe. Wagner se moquerait bien de moi avec un "La musique commence là où s'arrête le pouvoir des mots", et il aurait tout à fait raison. Parce que toutes les métaphores du monde ne pourraient décrire toute la sensibilité, la finesse, l'humour et la délicatesse de la musique classique. Mahler m'a aidé, il a toujours lié sa musique à son vécu, m'offrant une base sur laquelle construire.

Les premières symphonies psychologiques ? Les Madame de Clèves de la musique ? Aucune idée. Mais il y a des détails qui ne trompent pas, Gustav Mahler est mort pour sa musique et par sa musique. Et le tout, dans une quête vers la beauté originelle, comme le montre si bien Thomas Mann et dans son sillon Luchino Visconti. Mort à Venise, et le concept qui surpasse la réalité. Venise est plus belle en idée qu'en réalité. Elle est idéalisée. Aschenbach, le héros qui incarne Mahler, donne chair à la beauté par l'enfant pur. Derrière, la naïveté, la spontanéité et l'ignorance. Tout ce que Mahler a cherché durant sa vie, une vie de maladie et de dépression. Tant de tourments à cause de ce penchant pour le concept plutôt que pour le concret ? C'est plausible.

Et la fin du compositeur est un comble. Mahler se range du côté du concept pour de bon. Il ordonne à sa femme Alma de brûler les esquisses de sa dixième, celle qui devait lui permettre d'outrepasser la malédiction des neuf symphonies. Il meurt et aurait dû emporter avec lui la dixième, la laisser au rang d'idée. On aurait pu imaginer "ce qu'elle aurait pu être". Jamais Mahler ne jouait les esquisses, il attendait le dernier moment, le dernier soupçon de sel, et se lancer ensuite. Mais le concret a repris le dessus. L'esquisse complète est devenue la symphonie. Adieu l'idée éternelle. Et jamais Mahler ne l'entendra autrement que de la manière dont il l'a pensé, comme s'il avait atteint son but en mourant.

Alors voilà les dix. Des heures de grâce, avec comme sommet la cinquième, chef-d'oeuvre absolu et indépassable.

Symphonie 1 "Titan"
Symphonie 2 "Résurrection"
Symphonie 3
Symphonie 4
Symphonie 5
Symphonie 6 "Tragique"
Symphonie 7 "Lied Der Nacht"
Symphonie 8 "des Mille"
Symphonie 9
Symphonie 10

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