Rattraper le temps perdu. Varg Vikernes en a perdu du temps, en prison. Il a eu le temps de laisser mijoter ses pensées, ses erreurs, ses extrémismes, de laisser sa psyché divaguer pendant de longues années. Seize ans à retourner et revivre les mêmes choses, chaque jour. Il n'est pourtant pas à plaindre, loin de là. Il est tout ce qu'il y a de plus extrême et de plus malsain. Son sourire frôle la démence, son regard n'évoque rien de bienveillant.
Mais, après cette période d'enfermement, Varg Vikernes a retrouvé son seul amour. Il a retrouvé ses instruments de musique, il a repris le flambeau de son genre, celui qu'il a inventé avec Mayhem, il a repris l'envie de faire du grabuge, mais sans reproduire les erreurs du passé. Belus, l'an dernier, indiquait la nouvelle voie, la nouvelle ligne du parti. Une musique sombre avant tout, incantatoire et lancinante, loin des effusions de haine du passé. Varg aurait-il mûri ? Aurait-il transformé sa rage en quelque chose de plus profond et insidieux ? Jamais !
Belus n'était qu'un glorieux détour par des plaines introspectives pour mieux revenir, un an après, exploser de fureur. Réentendre ces cris possédés, revivre les mêmes tourbillons de sentiments contradictoires, revoir le Mal. Varg est bien de retour, non pas l'homme apaisé, mais l'enragé.
Pourtant, il ne renie pas son incartade Belus, il la réadapte. Les mêmes vents épiques soufflent entre les fracas de batteries. Le rythme s'accélère simplement, et Varg, au lieu de convoquer des Dieux imaginaires, vomit leurs noms. A faire la fine bouche, on trouverait le son beaucoup trop propre pour un tel degré d'obscénité. Mais l'intention est tellement noble et sincère. Ce qui compte ici, ce n'est plus le folklore et les horreurs du passé. Ce qui compte, c'est que cet homme tombé se relève avec autant de puissance, rattrape le temps qu'il a perdu, et se réapproprie sa couronne de prince noir. Et ce, sans jouer sur le mythe qui l'entoure, avec toujours la même intégrité, la même envie, la même folie.
Varg Vikernes reprend la main, plus que jamais, avec son Fallen, condensé de noirceur maladive qui sortira chez Byeloblog Productions. Comme un coup de poing sur la table massive en bois sur laquelle il invoquait les forces du mal.
Bonjour,
RépondreSupprimerUn mot sur le discours extrémiste de Vikernes aurait eu sa place dans cette chronique...Mais bon, il n'en reste pas moins que "Belus" soit un
chef d'œuvre du metal noir et de la musique, tout simplement.
cf http://brainfeedersandmindfuckers.blogspot.com/2009/12/jubilatoire-noirceur_22.html
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