Dans peu de temps, John Zorn fera un concert à Paris dans le cadre de la "Radical Jewish Culture". Radical, c'est le mot. Sa musique est faite de tensions et de cris, porté surtout sur les cris d'un saxophone et une déconstruction de standards, de thèmes aux apparences classiques et faciles. Le cocktail devenait vite explosif. Mais la question se pose : peut-on comme ça enlever toute structure à la musique ? Peut-on rendre, avec un saxophone, la musique opaque et étrange, voire dérangeante ?
Old Time Relijun apporte une part de réponse. Si Zorn tapait dans le jazz en y ajoutant du hardcore et du grind, ces gars-là détruisent ce qui pourrait rester après le passage de John Zorn, même si la musique est tout à fait différente. Et le saxophone n'y est pas pour rien dans cette similitude. La même utilisation que chez Naked City : casser. Il faut tout casser. Le rock indie de Old Time Relijun devient, sous l'impulsion de Ben Hartman, un délire psychédélique sous acide, avec un son sec, voire rugueux. Une incantation avant-gardiste que Moon Dog ou les Lounge Lizards ne renieraient pas.
Ce disque a l'énergie communicative d'un magicien pas sûr de son coup, il détourne l'attention par des blagues, des étrangetés accessoires pour cacher le côté bancal de son numéro. On y retrouve une magie et des artifices mêlés d'ironie. C'est mystique comme une messe satanique, mais le Diable serait celui à qui il faut faire confiance, celui qu'il faut suivre. Celui qui sort Le Maître de Boulgakov de son asile pour rendre vie à Marguerite, qui distribue du faux argent à tous pour les tromper, les mettre face à leur superficialité ordinaire. Un Diable rieur et calme, mais tout-puissant.
Derrière des instrumentations et des arrangements qui semblent maladroits et ironiques, Old Time Relijun écrit la bande son du livre de Boulgakov : ce qui peut sembler du second degré n'en est pas. Tout est vrai. Les apparences peuvent refroidir et effrayer, mais derrière un chat géant et terrifiant, il n'y a pas forcément de la magie. La magie est parfois plus vraie que la réalité. Il faut se fier à ses impressions et se laisser porter par les incantations chamaniques de Arrington de Dionyso.
Personne ne s'étonnera quand il apprendra que Catharsis in Crisis (2007), le dernier disque de Old Time Relijun est sorti chez K Records, le label de Phil Elverum de Mount Eerie, qui a d'ailleurs joué avec ce groupe.
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